Quel est le principe du transfert d'entreprise ? Quelle est sa définition juridique ?
En droit social, la notion de "transfert d'entreprise" vise le cas où un événement (comme une succession, une vente de l'entreprise, une fusion, une transformation du fonds ou une mise en société de l'entreprise) modifie la situation juridique d'un employeur initial et entraîne un changement d'employeur.
Il s'agit donc de la situation dans laquelle l'entreprise ou une activité de l'entreprise fait l'objet d'une reprise par un nouvel exploitant ou "repreneur".
Transfert d'entreprise : quelles obligations a le nouvel employeur à l'égard du personnel en place ?
Quel est le sort des travailleurs en cas de changement d'employeur ?
L'opération de transfert d'entreprise pose nécessairement la question du devenir des contrats de travail en cours au jour de la modification de la situation juridique de l'employeur initial et des conditions du maintien de l'emploi pour les salariés en place.
Le transfert automatique des contrats prévu à l'article L1224-1 du Code du travail
Pour garantir la pérennité de l'emploi du personnel de l'entreprise, la loi prévoit qu'en cas de modification de la situation juridique de l'employeur en raison d'une succession, de la vente de l'entreprise, d'une fusion, par exemple, les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l'entreprise (1).
Sous quelles conditions ?
Ce mécanisme de transfert automatique des contrats de travail ne trouve néanmoins à s'appliquer que sous réserve du respect des 2 conditions suivantes :
- d'une part, l'entreprise transférée doit constituer une "entité économique autonome" qui, selon la jurisprudence de la Cour de cassation, est formée comme "un ensemble organisé de personnes et d'éléments corporels ou incorporels permettant l'exercice d'une activité économique qui poursuit un objectif propre" (2) ;
- d'autre part, il est nécessaire que l'identité et l'activité de l'entreprise transférée soient maintenues, ce qui implique que le repreneur poursuive la même activité que celle exercée par l'employeur initial (3). Pour apprécier ce critère, la jurisprudence accorde une importance particulière aux conditions dans lesquelles l'activité transférée est exploitée par le repreneur, et notamment au transfert ou non des moyens d'exploitation existants.
Quid du transfert partiel d'entreprise ?
Selon la Cour de cassation, le transfert peut ne porter que sur un secteur d'activité de l'entreprise ou sur une branche de celle-ci, à la double condition que la partie transférée constitue, à elle seule, une entité économique autonome conservant son identité, et que l'activité soit poursuivie par le repreneur (4).
Comment se passe un transfert automatique de contrat de travail ? Peut-on refuser de travailler pour un repreneur ?
Le transfert des contrats de travail prévu par le Code du travail s'opère de plein droit, ce qui signifie qu'il ne peut faire l'objet d'aucune opposition de la part des parties. Par conséquent, un salarié n'a pas la possibilité d'opposer un refus au transfert de son contrat de travail.
Le possible transfert conventionnel de contrats de travail
Si les deux conditions posées par la loi ne sont pas réunies, le transfert des contrats de travail n'est pas automatique. Il demeure néanmoins possible si le nouvel employeur et les salariés concernés y sont favorables (5).
Dans un tel cas de figure, on parle de transfert de contrat conventionnel.
Si cette situation se présente, il convient qu'ancien employeur, nouvel employeur et salarié signent ensemble une convention tripartite prévoyant l'application volontaire de cet accord.
À l'inverse du mécanisme de transfert automatique des contrats de travail prévu par le Code du travail, le salarié dispose, dans le cas d'une proposition de transfert conventionnel de son contrat, de la possibilité d'y opposer un refus.
Faute d'un accord exprès de sa part, le transfert de contrat ne pourra avoir lieu.
💡 Téléchargez notre modèle de convention tripartite de transfert du contrat de travail
En cas de transfert d'entreprise, quels sont les droits des salariés en place dans l'entreprise ? Baisse des salaires, reprise de l'ancienneté, etc.
Un transfert d'entreprise, par exemple consécutif à la cession de celle-ci à un repreneur, a de nombreuses incidences pour les salariés dont le contrat de travail a été transféré. Ceux-ci peuvent en effet être amenés à s'interroger sur leurs droits en tant que travailleurs, et plus précisément sur les conditions d'exercice de leur emploi.
Parmi les questionnements auxquels l'ancien et le nouvel employeur devront répondre peuvent figurer les points suivants :
- un salarié dont le contrat a été transféré peut-il, postérieurement à ce transfert, faire l'objet d'un licenciement ?
- en tant que repreneur, pouvez-vous prendre l'initiative de baisser le salaire des salariés transférés ?
- que deviennent les jours de congés payés dont la date a été fixée avant le transfert d'entreprise et le changement d'employeur ?
- en tant qu'employeur, avez-vous une obligation d'information à l'égard des salariés en ce qui concerne le transfert de l'entreprise qui les emploie ?
- que devient l'ancienneté d'un salarié dont le contrat de travail fait l'objet d'un transfert de plein droit ?
Pour en savoir plus sur les motifs de licenciement, consultez notre article : Quels sont les différents motifs de licenciement ?
Les textes et la jurisprudence de la Chambre sociale de la Cour de cassation apportent des réponses claires à ces questions, dont vous retrouverez le détail dans notre dossier spécial !
Pour en savoir plus :
- Changement d’objet social : procédure, étapes et conséquences
- Changer les statuts d'une entreprise : comment les modifier sans erreurs ?
Dossier très complet et informatif