Qu'est-ce que le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP) ?
Définition du DUERP
L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs."
Article L4121-1 du Code du travail
Le Code du travail impose à chaque employeur de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de ses salariés et protéger leur santé physique et mentale (1). Pour la mise en oeuvre de cette obligation, l'employeur doit élaborer un document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP), sous peine de sanctions (2).
Le DUERP est un document qui répertorie l'ensemble des risques professionnels auxquels sont exposés les travailleurs. Il permet ainsi d'assurer la traçabilité collective de ces expositions, mais aussi d'envisager des mesures et des actions pertinentes pour réduire les risques, voire les éliminer.
La loi prévoit 3 grands groupes de facteurs de risques professionnels liés :
- aux contraintes physiques marquées ;
- à un environnement physique agressif ;
- à certains rythmes de travail.
Ces grandes catégories, qui reflètent notamment la pénibilité au travail, ne sont pas exhaustives. D'autres risques, comme les risques psychosociaux par exemple, doivent entrer dans le cadre de cette évaluation (voir ci-après).
Comment rédiger le DUERP et ses mises à jour ?
L'employeur doit commencer par évaluer les risques.
L'évaluation doit être faite dans chaque unité de travail et prendre en compte :
- le choix des procédés de fabrication ;
- des équipements de travail ;
- des substances ou préparations chimiques ;
- ainsi que l'aménagement ou le réaménagement des lieux de travail ou des installations ;
- l'organisation du travail ;
- ou encore la définition des postes de travail.
De plus, cette évaluation des risques doit tenir compte de l'impact différencié de l'exposition au risque en fonction du sexe (3).
Qui peut établir le DUERP ?
Ils apportent leur contribution à l'évaluation des risques professionnels :
- le comité social et économique (CSE) et sa commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT), s'ils existent ;
- le ou les salariés désignés référent santé et sécurité au travai ;
- le service de prévention et de santé au travail auquel vous adhérez.
L'employeur transcrit et met à jour dans le document unique les résultats de l'évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs à laquelle il procède.
Pour mener à bien cette mission, il peut être utile d'interroger les salariés sur les dangers et les risques qu'ils rencontrent au quotidien, afin d'identifier des risques qui n'étaient peut-être pas évidents.
Les résultats de cette évaluation débouchent sur des obligations qui diffèrent en fonction de l'effectif de l'entreprise (voir notre dossier complet).
💡 Bon à savoir : l'employeur doit consigner, en annexe du document unique :
- les données collectives utiles à l'évaluation des expositions individuelles aux facteurs de risques ;
- la proportion de salariés exposés aux facteurs de risques professionnels. Cette proportion est actualisée si nécessaire lors de la mise à jour du document unique.
Enfin, le DUERP et ses versions antérieures doivent être conservés pendant 40 ans (4).
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Où se procurer un DUERP et quel est son contenu ? Notre modèle de DUERP à télécharger !
Quels exemples de risques professionnels peuvent être identifiés et évalués au sein du DUERP ?
Voici une liste, non exhaustive, d'exemples de grandes catégories de risques pouvant exister au sein des unités de travail de vos collaborateurs.
💡 Bon à savoir : si certains métiers sont plus exposés que d'autres à certains risques, cela n'empêche pas que d'autres salariés, sur d'autres postes, peuvent y être exposés. Par exemple, si un risque de glissade est identifié dans un atelier de l'entreprise, ce risque va concerner tous les salariés travaillant dans cet atelier, mais également ceux amenés à traverser cet atelier. La définition de vos unités de travail est donc importante et doit prendre en compte ces risques transervaux.
1. Risques liés à la manutention de charges en entreprise
La manutention de charges se caractérise principalement par des risques dorsolombaires, et plus exceptionnellement, par des risques cardio-vasculaires en cas de port de charges très lourdes.
📌 Exemples de secteurs concernés : les secteurs du bâtiment ou du commerce.
2. Risques liés aux vibrations
Les vibrations peuvent être transmises :
- soit à tout le corps : lorsque le salarié conduit une machine qui vibre comme un engin de chantier ou de manutention ;
- soit uniquement aux membres supérieurs : lorsque le salarié utilise une machine portative comme un marteau-piqueur par exemple.
Elles risquent d'engendrer des douleurs dorsales ou des affections invalidantes au niveau des bras et des mains.
📌 Exemples de secteurs concernés : la métallurgie ou le bâtiment et les travaux publics sont des secteurs qui peuvent être touchés.
3. Risques de chutes ou accidents/situations dangereuses
Le risque de chutes concerne aussi bien les salariés qui travaillent habituellement en hauteur que ceux pour qui le travail en hauteur est plutôt occasionnel.
📌 Exemples de métiers concernés :
- charpentier ;
- couvreur ;
- maçon ;
- manutentionnaire.
Ce risque ne doit pas être négligé puisqu'il s'agit de la 2ème cause d'accidents mortels au travail (5).
4. Risques liés au bruit mettant en péril la sécurité des travailleurs
Le bruit peut entraîner de graves pathologies qui sont même parfois irréversibles, telles qu'une perte totale ou partielle de l'audition.
📌 Exemple de salariés concernés : les salariés au contact de machines bruyantes comme ceux dans les usines. Les salariés dans des locaux différents mais exposés à ces bruits en raison d'une mauvaise insonorisation.
Le bruit peut également être source de stress et de fatigue pour certains salariés. Il affecte, dans une moindre mesure, les salariés travaillant notamment dans des plateaux ouverts (open space).
📌 Exemple de salariés concernés : les salariés qui travaillent en centre d'appels.
5. Risques routiers
Les salariés amenés à utiliser un véhicule dans le cadre de leur travail sont exposés à un risque de dommages corporels irréversibles en cas d'accident. Dans les cas les plus graves, ce risque peut entraîner le décès. Il s'agit, effectivement, du risque professionnel le plus mortel (5).
Les accidents de la route sont même la 1ère cause de mortalité au travail.
Par ailleurs, ils doivent très souvent faire face à des contraintes posturales qui, à terme, peuvent leur générer différentes souffrances physiques telles que des maux de dos, des douleurs lombaires (6).
📌 Sont généralement concernés, les commerciaux itinérants, les VRP, les chauffeurs routiers, les livreurs.
6. Risques liés aux ambiances thermiques
Les risques liés aux ambiances thermiques concernent les salariés qui travaillent dans un environnement au sein duquel les températures peuvent être extrêmes.
📌 Exemples de métiers concernés :
- les employés de pressing ;
- les employés dans un entrepôt frigorifique ;
- les fondeurs ;
- les verriers ;
- les soudeurs ;
- les pompiers ;
- les ouvriers du bâtiment.
L'exposition à de fortes chaleurs ou à des températures glaciales peut avoir des effets néfastes sur la santé physique des salariés (maux de tête, nausées, déshydratation ou hypothermie).
7. Risques du travail sur écran
Les salariés qui travaillent en permanence sur ordinateur ne sont pas épargnés par les risques professionnels !
Fatigue visuelle, maux de tête, risques cardiovasculaires ou encore troubles musculo-squelettiques (gestes répétés des bras et des mains, position assise prolongée) sont les principaux risques. Effectivement, le travail écran comporte à la fois des risques liés à la vue, mais également à la sédentarité des salariés concernés.
📌 Sont notamment concernés tous les métiers du secrétariat et de l'informatique, et des métiers administratifs et de bureau.
8. Risques psychosociaux
Tous les salariés peuvent être exposés au stress, voire à l'anxiété.
📌 Les risques psychosociaux peuvent être générés par des contraintes de rythme de travail, d'atteinte d'objectifs, de surcharge de travail, de contact avec la clientèle ou du public, de mésentente au sein des équipes, etc.
Ces dernières années, des cas de burn-out se sont particulièrement développés. Tous les secteurs et tous les métiers sont concernés par les risques psychosociaux, en particulière expansion ces dernières années.
Dans la même logique, pensez à évaluer les risques de harcèlement moral, de harcèlement sexuel ou d'agissements sexistes, notamment si de tels cas se sont déjà produits dans votre entreprise.
9. Risques liés aux agents chimiques dangereux
Parfois omniprésents sur les lieux de travail, les agents chimiques dangereux (colles, résines, peintures) peuvent entraîner des intoxications aiguës, même à faible dose : on parle d'intoxication chronique - en raison du contact répété du salarié avec le produit.
Les risques liés aux agents chimiques sont nombreux : cancer, effets néfastes sur les voies respiratoires, le système nerveux, la capacité de reproduction, etc.
📌 Exemples de métiers concernés :
- la construction (amiante, éther de glycol, etc.) ;
- l'agriculture (herbicides, fongicides et insecticides, etc.) ;
- le travail en laboratoire ;
- l'industrie chimique (arsenic, plomb), métallurgique (fumées de combustion, formaldéhyde, etc.) et les raffineries (hydrocarbures polycliniques, benzène, etc.) ;
- le commerce, notamment le nettoyage à sec (perchloroéthylène, solvants, etc), la coiffure (aminophénols, etc.) ou encore la réparation automobile (émissions de moteurs).
10. Risques liés aux contraintes posturales
Les contraintes posturales sont souvent à l'origine de troubles musculo-squelettiques (TMS). Ce sont principalement les tendons, les muscles, les ligaments et les articulations qui sont touchés.
Les salariés exposés à de tels risques développent souvent des tendinites, des syndromes canalaires, des lombalgies, des syndromes de la coiffe des rotateurs, des épicondylites et bien d'autres pathologies qui peuvent être prises en charge par l'Assurance maladie au titre d'une maladie professionnelle, ce qui impacte fortement votre taux de cotisation accident du travail/maladie professionnelle.
📌 Exemples de métiers concernés :
- les métiers du bâtiment et des travaux publics ;
- les salariés qui travaillent sur écran ;
- les salariés amenés à utiliser un véhicule (position assise prolongée) ;
- les métiers de la coiffure ou de l'esthétique (position debout prolongée) ;
- etc.
11. Risques liés au travail de nuit ou en équipes successives alternantes
Les salariés concernés sont exposés à un rythme de vie particulier par rapport aux salariés travaillant avec des horaires classiques, la journée.
Le rythme biologique peut être perturbé. Un temps de sommeil réduit/décalé peut impacter la santé et l'organisme :
- troubles du sommeil ;
- fatigue ;
- risques cancérogènes ;
- troubles cardiovasculaires ;
- troubles digestifs et risque de surpoids.
Selon une étude récente de l'INRS trace le constat selon lequel 56 % des accidents du travail mortels seraient des malaises mortels, potentiellement liés à l'exposition de la victime à de multiples risques professionnels, dont les horaires atypiques (8).
12. Risques liés à une pandémie (Covid-19, grippe H1N1, etc.)
Même s'il ne découle pas directement de l'activité de votre entreprise, le risque lié à une pandémie ne doit pas être négligé.
Lors d'une crise sanitaire, les risques liés à l'exposition des salariés au virus doivent figurer dans le DUERP : chacun de vos salariés est susceptible d'être porteur du virus et de le transmettre aux autres salariés, clients, fournisseurs ou tout autre tiers avec qui il est en contact direct.
Vous devez donc mettre en place des mesures de prévention afin de limiter la propagation du virus au sein de votre entreprise et parmi vos collaborateurs.
Doivent également figurer dans le DUERP, les risques indirects liés aux modifications concernant le fonctionnement de votre entreprise et les conditions de travail de vos salariés, telles que :
- la mise en place du télétravail : certains de vos salariés se sentiront peut-être isolés, veillez à assurer le suivi psychologique de ces salariés ;
- l'aménagement des locaux ;
- la réorganisation du travail et/ou des équipes ;
- l'affectation de collaborateurs à de nouveaux postes de travail.
Visionnez le replay de notre webconférence sur le DUERP : comment le rédiger et le mettre à jour ?
Références :
(*) "Bilan des conditions de travail 2023", Édition 2024, Direction Générale du Travail (DGT), publié le 31 janvier 2025
(1) Article L4121-1 du Code du travail
(2) Article R4741-1 du Code du travail
(3) Article L4121-3 du Code du travail
(4) Article R4121-4 du Code du travail
(5) "Stop aux accidents du travail graves et mortels", Anact, publié le 18 octobre 2023
(6) Sondage Ifop / MMA, avril 2023 - Les professionnels et la route : quelle connaissance du risque routier ? et L'essentiel du risque routier professionel
(7) Articles R4412-93-1 et suivants du Code du travail
(8) "Malaises mortels au travail : apports de la base EPICEA", étude de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), publié en décembre 2024
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