Qu'est-ce que l'inflation ?
L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût de la vie (1). La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe l'économie nationale dans son ensemble.
L'inflation a eu pour effet de baisser le pouvoir d'achat des salariés et de rendre certains salaires insuffisants.
La conséquence de cette baisse du pouvoir d'achat est qu'elle peut pousser les entreprises à réévaluer les salaires ou à verser des primes à leurs salariés.
En 2023 : les salaires moyens ont connu une augmentation plus rapide que l'inflation !
Telle n'est sans doute pas l'opinion de tous les Français, mais selon les résultats provisoires de la Direction de la recherche du ministère du Travail (Dares), en 2023, pour la première fois depuis deux ans, les salaires ont progressé à en dépasser la hausse des prix (2).
=> L’indice du salaire mensuel de base (SMB) de l’ensemble des salariés a progressé de 0,5 % au cours du 3e trimestre 2023. Sur 1 an, il a augmenté de 4,2 %, après + 4,6 % le trimestre précédent.
Dans le détail, l’indice du salaire horaire de base des ouvriers et des employés (SHBOE) a progressé de 0,5 % au cours du 3e trimestre 2023 dans les entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé - hors agriculture, particuliers employeurs et activités extraterritoriales. Il a crû de 0,5 % dans l’industrie et le tertiaire et de 0,4 % dans la construction. Sur 1 an, le salaire horaire de base des ouvriers et des employés (SHBOE) a augmenté de 4,4 % fin septembre 2023 après + 5,1 % fin juin 2023.
En 2024, il semble toutefois que les entreprises freinent l'élan donné à ces augmentations. La progression des budgets d'augmentation devrait être ramenée en à 3,6 % pour les non-cadres et à 3,4 % pour les cadres, selon les accords salariaux d'entreprise analysés par le Groupe Alpha.
Est-ce que les salaires augmentent avec l'inflation ? Quels salaires sont indexés sur l'inflation ?
Cas général : pas d'indexation des salaires
Les salaires ne sont pas indexés sur l'inflation.
Les évolutions des salaires les plus élevés dépendent d’autres facteurs tels que les accords d'entreprises, les négociations syndicales, etc.
Cas particulier : le Smic
Seul le salaire minimum de croissance (Smic) est indexé sur l'indice des prix à la consommation.
Le Smic assure aux salariés dont les rémunérations sont les plus faibles, la garantie de leur pouvoir d'achat (3).
Lorsque cet indice atteint un niveau correspondant à une hausse d'au moins 2% par rapport à l'indice constaté lors de l'établissement du Smic immédiatement antérieur, le Smic est relevé dans la même proportion à compter du premier jour du mois qui suit la publication de l'indice entraînant ce relèvement.
À savoir : les salaires les plus bas encadrés par les minima conventionnels, s'ils ne sont pas directement indexés sur l'inflation, y sont étroitement liés. À mesure des augmentations du Smic, ces salaires minima conventionnels tardent parfois à être révisés par les branches professionnelles et deviennent inférieurs au Smic. Dans ce cas, l'employeur est tenu de verser l'équivalent du Smic au salarié.
Sont interdites, dans les conventions ou accords collectifs de travail, les clauses comportant des indexations sur le salaire minimum de croissance ou des références à ce dernier en vue de la fixation et de la révision des salaires prévus par ces conventions ou accords.
À lire en ce sens : Salaire minimum conventionnel : faut-il le respecter ?
Depuis le 1er janvier 2024, le Smic s'élève à 1 766,92 euros bruts par mois, soit 1 398,69 euros nets pour 35 heures hebdomadaires. Il s’agit d’une hausse de 1,13 % (4).
Quelles méthodes pour augmenter les salaires face à l'inflation en 2024 ?
Quelques moyens ont été recensés par les acteurs économiques et politiques afin de permettre aux salaires de suivre l'augmentation des prix en 2024.
Indexation des salaires sur l'inflation
Face à l'inflation, les entreprises de certaines branches professionnelles ont dû augmenter les salaires de leurs employés : l'indexation du Smic sur l’inflation a entraîné une hausse des plus bas salaires.
Selon certains acteurs de la société, il conviendrait d'appliquer cette indexation à l'ensemble des salaires, afin d'éviter de faire peser l'augmentation des prix sur une partie des français sans que le pouvoir d'achat ne bouge.
Versement de primes et de la prime de partage de la valeur
L'inflation entraîne des conséquences sur la consommation des ménages, en réduisant leur pouvoir d'achat. L'employeur a donc un rôle crucial à jouer dans la revalorisation des salaires des salariés non impactés par l'accroissement du Smic.
Selon une étude du cabinet de conseil en ressources humaines LHH, en 2023 "45 % des entreprises sondées ont distribué une prime de partage de la valeur (exonérée de cotisations sociales) pour un montant médian de 775 euros et un quart d’entre elles ont distribué une prime ou une indemnité de transport".
Rappel : pour 2024, la prime est exonérée des cotisations salariales et des contributions sociales, dans la limite de 3 000 euros. La prime peut être exonérée dans la limite de 6 000 euros, sous conditions.
Les salariés peuvent donc espérer de nouveaux versements en 2024.
Exemples de mesures envisageables :
- mensualisation des primes si ce n'était pas le cas ;
- mise en place et/ou mensualisation du 13e mois ;
- augmentation collective des rémunérations.
Négociations et mise en place d'accords d'entreprise pour la revalorisation des salaires
Certaines entreprises ont mis en place des accords de participation et/ou accord d'intéressement, leur permettant ainsi de verser des primes supplémentaires.
Cette possibilité de verser des suppléments au sein des accords de participation et d'intéressement offre une opportunité aux employeurs d'adapter leur politique de rémunération et de redistribuer une partie des bénéfices réalisés, permettant ainsi d'apporter un soutien financier supplémentaire aux salariés.
Les employeurs peuvent donc décider, après consultation du Comité Social et Économique (CSE), de verser des primes en plus afin de booster le pouvoir d'achat de leurs employés. Leur versement peut être réalisé de manière avantageuse sur le plan fiscal et social dans la mesure où elles peuvent bénéficier d'exonérations.
La répartition de ces suppléments doit être conforme aux règles établies par l'accord de participation ou d'intéressement en vigueur. Toutefois, si nécessaire, elle peut également être déterminée dans le cadre d'un accord spécifique, conclu en concertation avec les représentants du personnel.
Les entreprises peuvent aussi décider d'avancer les négociations annuelles obligatoires (NAO) en vue de discuter des possibilités de revaloriser de façon durable la rémunération des salaires.
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(3) Article L3231-2 du Code du travail
(4) Décret n°2023-1216 du 20 décembre 2023 portant relèvement du salaire minimum de croissance
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