Fiscalité de l'EURL : impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés ?
Comment savoir si une EURL relève du régime de l'impôt sur le revenu (IR) ou de l'impôt sur les sociétés (IS) ?
Dès la création d'une entreprise unipersonnel à responsabilité limitée (EURL), cette dernière est soumise automatiquement au régime de l'impôt sur le revenu (IR). Mais il est possible d'opter pour l'impôt sur les sociétés (IS). Néanmoins, une fois choisi, vous ne pourrez renoncer à l'IS qu'après le 5ᵉ exercice suivant celui lequel vous avez opté pour renoncer à l'IR.
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Le cas de l'associé unique personne physique
En principe, l'EURL dont l'associé unique est une personne physique est soumise à l'impôt sur le revenu (IR) (1).
Les bénéfices qu'elle réalise sont alors soumis à cet impôt entre les mains de son associé unique, selon la répartition suivante :
Revenus issus d'une activité commerciale ou artisanale |
Revenus issus d'une activité libérale |
à déclarer dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) |
à déclarer dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) |
IS : une option pour l'EURL ?
Néanmoins, la création d'une EURL permet de faire un choix entre l'impôt sur le revenu ou l'impôt sur les sociétés.
Ainsi, l'EURL soumise à l'IR (dans le cas d'un associé unique qui est une personne physique) peut décider d'opter pour l'impôt sur la société (IS) (2). Dans cette hypothèse, c'est alors l'entreprise elle-même qui sera passible de l'impôt, et non son associé unique.
Le cas de l'associé unique personne morale
Si l'associé unique de l'EURL est une personne morale, ainsi celle-ci est assujettie de plein droit à l'impôt sur les sociétés (IS) (2).
Pour les exercices du 1ᵉʳ janvier au 31 décembre 2022, le taux unique de l'IS est de 25 % (3).
Cas particuliers :
Pour les petites et moyennes entreprises (PME), le taux réduit de 15 % s'applique, sous conditions, à la tranche inférieure à 42.500 euros de bénéfices.
L'IS est ainsi payé par la société, et non par son associé unique. Il n'est pas possible, dans le cas où l'associé unique de l'EURL est une personne morale, d'opter pour l'impôt sur le revenu.
De quel(s) régime(s) d'imposition relève l'EURL soumise à l'IR ou à l'IS ?
Le cas de l'EURL soumise à l'IS
Dans le cas où l'EURL est soumise à l'impôt sur les sociétés, elle peut, selon ses caractéristiques et les éventuelles options formulées en ce sens, relever d'un régime d'imposition réel normal ou simplifié.
Le régime réel simplifié permet aux entreprises soumises à l'IS de bénéficier d'un certain allègement de leurs obligations comptables et fiscales (elles doivent fournir, dans le cadre de leur déclaration d'impôt, les tableaux 2033 A et suivants accompagnés du formulaire n°2065).
En revanche, le régime réel normal contraint l'entreprise à se montrer particulièrement rigoureuse au moment de sa déclaration d'impôt, notamment afin de satisfaire ses nombreuses obligations déclaratives (elle est tenue de fournir les tableaux 2050 et suivants accompagnés du formulaire 2065).
L'application de l'un de ces deux régimes dépend du chiffre d'affaires hors taxes réalisé l'année précédente par l'entreprise (4) :
Vente de marchandises (BIC) |
Autres activités (BIC) |
|
Régime réel |
CA inférieur à 840.000 euros |
CA inférieur à 254.000 euros |
Régime réel |
CA au-delà de 840.000 euros |
CA au-delà de 254.000 euros |
* Dans l'hypothèse où l'EURL est soumise au régime réel simplifié, elle a la possibilité d'opter pour le régime du réel normal.
** Dans l'hypothèse où l'entreprise relève du régime réel normal, elle ne peut pas opter pour le régime réel simplifié.
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Le cas de l'EURL soumise à l'IR
Pour déterminer le régime d'imposition applicable à l'EURL soumise à l'IR, il convient de distinguer, dans un premier temps, l'EURL dont les revenus relèvent des BIC et de celle dont les revenus relèvent des BNC.
Si l'entreprise exerce une activité non commerciale, elle relève du régime des BNC. Sont notamment visées les professions libérales et les offices. Dans ce cas particulier, les associés sont obligatoirement soumis au régime de déclaration contrôlée (régime réel) pour leurs bénéfices générés au-delà de 77.700 euros (en deçà, il convient de se référer au régime de la micro-BNC, si l'associé de l'EURL est une personne physique dirigeant la structure (5)).
En revanche, lorsque l'EURL exerce une activité commerciale, elle est obligatoirement soumise au régime des BIC. Dans une telle hypothèse, elle peut, selon ses caractéristiques et les options qu'elle va exercer, être soumise au régime micro ou à un régime réel normal ou simplifié.
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Quel régime de TVA s'applique aux EURL ?
On distingue 3 régimes de TVA possiblement applicables aux EURL assujetties et redevables de la TVA.
1. Le régime de franchise en base de TVA
Les entreprises qui ont un chiffre d'affaires inférieur aux limites du régime de la franchise en base de TVA relèvent de ce régime. C'est un dispositif qui exonère de la déclaration et du paiement de la TVA les entreprises qui y sont éligibles.
Concrètement, les entreprises relevant de ce régime ne facturent pas de TVA à leurs clients, et n'ont pas de déclaration de TVA à faire auprès de l'administration fiscale.
En contrepartie cependant, elles ne peuvent pas déduire la TVA qu'elles ont payée à l'occasion de l'exercice de leur activité.
Les entreprises concernées par le régime de franchise en base ne doivent pas mentionner de TVA sur les factures et indiquer obligatoirement "TVA non applicable, Article 293 B du Code général des impôts (CGI)".
Pour bénéficier du régime de franchise en base, les entreprises doivent avoir un chiffre d'affaires annuel hors taxes de l'année précédente (6) :
-
inférieur à 91.900 euros ou 101.000 euros (à condition, dans ce cas, que le CA de la pénultième année (N-2) n'excède pas 91.900 euros) pour les activités de commerce de marchandises, d'objet, de fournitures et de denrées à emporter ou à consommer sur place, ou de fourniture de logement ;
-
inférieur à 36.800 euros ou 39.100 euros (à condition, dans ce cas, que le chiffre d'affaires de l'année N-2 n'excède pas 36.800 euros) pour les autres activités de prestations de services.
Notez néanmoins que les entreprises soumises de plein droit au régime de franchise en base de TVA peuvent opter pour le paiement de la TVA.
2. Le régime réel simplifié de TVA
Les entreprises soumises au régime réel simplifié de TVA sont tenues de facturer de la TVA à leurs clients. Elles peuvent en contrepartie déduire du montant de TVA ainsi collecté, la TVA qu'elles ont elles-mêmes réglée dans le cadre de leur activité (on parle de "TVA déductible").
Pour relever de ce régime, le chiffre d'affaires de l'entreprise doit être inférieur à (7) :
-
840.000 euros pour les activités de vente de biens corporels, de restauration ou de mise à disposition de logement ;
-
254.000 euros pour les autres activités.
Le paiement de la TVA se présente sous forme d'acomptes semestriels.
3. Le régime réel normal de TVA
À l'instar du régime réel simplifié de TVA, les entreprises soumises au régime réel normal de TVA sont tenues de facturer de la TVA à leurs clients.
Corrélativement, elles peuvent déduire du montant de TVA collecté, la TVA réglée dans le cadre de l'exercice de leur activité.
Sont soumises à ce régime les entreprises dont le chiffre d'affaires excède :
- 840.000 euros pour les activités de vente de biens corporels, de restauration ou de mise à disposition de logement ;
- 254.000 euros pour les autres activités.
Dans le cadre du régime réel normal de TVA, la taxe fait en principe l'objet d'une déclaration mensuelle chaque mois (déclaration CA3).
CET : le cas pour les EURL
La contribution économique territoriale (CET) regroupe la cotisation foncière des entreprises (CFE) et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).
En principe, les EURL sont redevables de la CFE. En effet, la CFE est un impôt local dû par toutes les entreprise ou personne exerçant une activité professionnelle non salariée en France. Néanmoins, dans certaines situations, les EURL peuvent être exonérés de cet impôt.
En principe, les EURL doivent payer la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) si elles sont imposables à la CFE et si elles réalisent plus de 500.000 euros de chiffre d'affaires annuel hors taxe.
Les entreprises dans la première année de leur création ne sont pas redevables de la cotisation foncière des entreprises (CFE) ni de la CVAE.
(1) Article 8 du Code général des impôts
(2) Article 206 du Code général des impôts
(3) Article 219 du Code général des impôts
(4) Article 302 septies A bis du Code général des impôts
(5) Article 103 du Code général des impôts
(6) Article 293 B du Code général des impôts
(7) Article L162-4 du Code des impositions sur les biens et services
Dossier très complet et informatif