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Visiteur

Le 07-03-2024 à 22:00

Bonjour,

Je me permets d'ouvrir un sujet, ayant récemment reçu une convocation de mon employeur sur le principe d'une enventuelle rupture conventionnelle.

Tout d'abord, merci à tous les intervenants, sur les différents sujets que j'ai pu parcourir, vous avez déjà répondu à beaucoup de mes questions.

(Compte-tenu de la limite de 5000 caractères par messages je vais scinder en deux)

Mon profil/mon histoire : Cadre depuis 4 ans et 10 mois dans mon entreprise j'ai très bien vécu les 2 premières années => bonnes relation avec mon manager, bonnes, voir très bonnes évaluations annuelles, augmentations.. Tout se passait bien.

Au bout de 2 années et demi j'ai changé de N+1. Débuts normaux, de bonnes évaluations qui se poursuivent puis nous avons commencé à avoir des désacords sur le travail. Nommé chef de projet sur un très gros projet j'ai rapidement, durant la phase d'études, identifié de nombreux risques. J'ai fait mon travail en alertant sur ces risques et en proposant des solutions pour y remédier mais mon N+1 ne m'a pas écouté. J'ai continué à alerté, oralement et par écrit, en remplissant notre logiciel interne de suivi de projet notamment. J'ai continué dans cette démarche, quitte à être en opposition avec mon N+1 lors de réunions très importantes mais je ne pouvais pas me taire, au risque de voir le projet couler.

Les explications en OFF que j'ai pu avoir de mon N+1 étaient que dans l'entreprise c'est comme en politique, on ne peut pas forcément pointer du doigts les vraies raisons, il faut s'arranger "entre-nous"... Bref, j'ai vite compris qu'il y avait de gros conflits d'intérêts sur le choix du fournisseur, sur le choix de certaines personnes à certains postes, et que tout ça devait rester "interne département" afin que rien ne se sache.

Etant en total désacord avec cette manière de faire j'ai continué à alerté sur le fait que ce projet allait dans le mur (pour la petite histoire ce fut bien le cas, un chantier de 14 semaines s'est transformé en 57 semaines, et il est toujours en cours).

Durant les 18 derniers mois j'ai donc été en conflit avec ce N+1. Sans aller jusqu'à crier sur tous les toits certains agissements (je voulais quand même faire avancer le projet), dès lors que cette personne me mettait en porte-à-faux je ne manquais pas de répondre, de façon factuelle, ce qui le mettait lui, face à ces contradictions (pour ne pas dire mensonges). 

Ont commencé les mauvaises évaluations. J'y répondais, en argumentant le plus possible, afin de dénoncer ce que je je considérais comme faux, exprimant mon désacord. Depuis j'ai le sentiment que notre DRH qui s'est associée à mon N+1 (je présume pour ne pas affirmer) afin d'essayer de me mettre la pression pour que je parte.

(Il faut savoir que je ne suis pas le seul dans cette situation, nous avons eu (et avons toujours) une vague de démission, de personnes en arrêt maladie pour burnout, nous avons eu 3 enquêtes externes risques psychosociaux. Le climat est horrible). De mon coté, j'ai la tête bien dure donc cela ne m'atteint pas, ou très peu, mais j'ai néanmoins alerté la médecine du travail qui m'a rencontré à plusieurs reprises et inscrit, dans mon dossier médical, que j'étais en burnout à cause de mon travail.

Devant une telle situation j'ai postulé dans un autre poste, dans un autre département, les entretiens se sont bien passés avec les potentiels futurs N+1 et la RH mais mon chef a mis son véto à mon départ. J'ai demandé des explications, par écrit, je n'en ai pas eu. J'ai alors pris le temps d'écrire un mail, adressé à ma RH, en mettant en copie mon N+1, mon N+2, ainsi qu'un membre syndiqué. J'y ai listé un certain nombre d'agissements qui n'étaient pas corrects et des écrits, de mon chef de de ma RH, qui étaient mensongers ou inapropriés.

J'ai reçu, 10 jours après mon mail, un courrier m'indiquant que mon employeur souhaitait me rencontrer afin de discuter d'une éventuelle rupture conventionnelle. Mon sentiment est qu'ils ne veulent pas de vagues, qu'ils se sont rendus compte qu'ils ont fait des erreurs (en laissant des traces écrites), que le contexte global ne joue pas en leur faveur et qu'ils souhaite limiter les dégats.

(Désolé pour ce pavé mais il est important pour moi d'expliquer le contexte. Je me suis toujours investi dans mes différents emplois, je travaille depuis plus de 10 ans et c'est la première fois que je suis confronté à ce que je considère comme un traitement injuste).


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  • Membre

    Le 07-03-2024 à 22:04

      + 10 messages


    (si un modérateur peut supprimer le post au dessus, les sauts de lignes n'ont pas été pris en compte ce qui rend la chose illisible, merci)

    Nous arrivons donc au coeur du sujet : l'éventuelle rupture conventionnelle. Je n'y suis pas opposé, étant donné que l'avenir semble bouché dans mon entreprise actuelle cependant je n'accepterai pas n'importe quoi en terme d'indemnité. J'ai pas mal de questions qui restent en suspend :

    1. Dois-je répondre à ce courrier afin de dire si j'accepte ce rendez-vous ? Il sera en visio, étant en arrêt encore 1 mois suite à une opération. J'ai une date et une heure mais pas de lien pour la visio et rien qui n'indique que je receverai un lien plus tard ;

    2. Ne souhaitant pas me faire accompagner, sauf erreur, mon employeur n'en a pas le droit (d'ailleurs il n'a pas mentionné cela dans le courrier). Comment réagir si, lors de ce rendez-vous, plusieurs personnes coté employeur sont présentes ?


    3. Pour l'indemnité on calcule depuis le salaire mensuel brut MAIS le montant versé est lui, en net, c'est bien ça ?


    4. Concernant l'exonération d'impôts : si le montant de l'indemnité que je reçois est supérieur au montant minimum légal (1/4 de mois de salaire par année d'ancienneté), je suis exonéré à hauteur du maximum entre 2 fois ma rémunération brute annuelle et la moitié de l'indemnité perçue, c'est correct ?

    5. Même question pour CGS/CRDS et même réponse je crois (dans la limite de 92 736) .


    6. L'indemnité compensatrice de congés payés et l'éventuelle indemnité compensatrice de préavis sont quand à elles est soumisent à l'impôt sur le revenu. Puis-je l'évoquer, au moment de la négociation, afin d'obtenir une indemnité supra légale qui tient compte des impôts que je vais payer en plus ?
    7. Je cherche à estimer à combien de mois de salaire je pourrais négocier l'indemnité de rupture conventionnelle. Pour se faire je peux me baser sur l'indemnité maximale que l'employeur serait en droit de me verser en cas de licenciement abusif, avec 5 années entières d'ancienneté, soit 6 mois de salaire brut + l'indemnité minimale légale (1 mois) = 7 mois au total ? Vous pensez que c'est le maximum que je pourrais espérer, tout compris, en tant qu'indemnité légale + supra légale si la rupture conventionnelle aboutissait ? ;


    8. 15% de mon salaire net est composé d'un avantage en nature (indemnité kilométriques). Puis-je aborder cela au moment des négociations, afin de l'inclure dans le salaire mensuel qui servira de base de calcul ?


    9. Concernant le différé du droits aux aides retour à l'emploi : je dois appliquer le différé lié à l'indemnité compensatrice de congés payés + le différé lié à l'indemnité supra légale (max 150 jours calendaires) ? Les deux s'additionnent ?


    10. Puis-je négocier une clause de non dénigrement (dans les 2 sens) ? Si oui, sous quelle forme formaliser cela ?


    11. Comment aborder lors des négociations le dossier médical faisant état du burn out + des agissements "limites" qui pourraient éventuellement requalifiés comme harcèlement moral ?


    12. Même question pour le véto à ma mobilité interne alors que mon contrat de travail dispose d'une clause de mobilité interne avec engagement de l'entreprise à faire son possible pour répondre favorablement aux souhaits du salarié ?


    Je suis consciens que cela fait beaucoup de questions et je vous remercie d'avoir lu jusqu'ici.


    Vous l'aurez compris, la situation n'est pas terrible et je suis ouvert aux négociations mais je n'accepterai de partir qu'à condition d'avoir une indemnité totale, légale et supra légale, à la hauteur du préjudice. Là est toute la complexité de la situation car je n'ai pas d'éléments de comparaison.


    Merci :)
    Moderateur

    Le 08-03-2024 à 07:50

    Bonjour, compte tenu du nombre de questions je vous propose d'avancer point par point, d'autant que chaque point de réponse soulève parfois d'autres interrogations

    Commençons : dans la phase d'amont dune rupture conventionnelle, c'est-à-dire avant que d'en arriver éventuellement à signer un accord (convention de rupture) il n'y a que l'obligation d'un entretien préalable. Mais pas de limite au nombre d'entretiens qui pourraient s'avérer nécessaires pour parvenir (ou non) à un accord.

    En répondant à l'invitation d'un premier échange en visio vous ne faites que manifester que vous voulez bien discuter de la proposition de rupture conventionnelle émanant de l'employeur, cela ne vous engage à rien, vous pourrez toujours terminer ce rendez-vous par "je vais y réfléchir, nous en reparlerons"...

    Vous pouvez aussi différer cet échange en rappelant à l'employeur que vous êtes actuellement en arrêt et que votre état de santé ne se prête pas à discuter de votre contrat, il conviendrait plutôt d'en parler lorsque vous aurez repris le travail

    Votre interlocuteur a obligation de vous prévenir si jamais il prévoit lors de cet échange d'être accompagné, de sorte à ce que vous aussi puissiez vous faire accompagner. S'il ne le faisait pas il vous suffirait de mettre aussitôt fin à l'échange...

    Avant d'entrer en négociation sur le montant d'une indemnité de rupture, je vous conseille de prendre votre calculette et de faire l'addition suivante :

    - dans l'hypothèse d'une inscription à France Travail, et d'un différé d'indemnisation de durée maximale, quel serait le montant que vous puiseriez sur vos fonds propres pour subvenir à cette période transitoire avant d'avoir le versement de l'allocation de chômage

    - dans l'hypothèse d'une période de chômage de durée maximale, de quel montant, sur cette durée, serait votre perte totale de revenus

    - dans l'hypothèse de devoir souscrire au bout d'un an - limite de la portabilité gratuite - à un contrat complémentaire santé individuel couvrant les mêmes garanties que votre contrat d'entreprise, quel en serait le coût

    - la perte de vos avantages en nature, à combien la chiffrez-vous, cela toujours dans l'hypothèse où vous resteriez au chômage pour toute la durée de vos droits

    tous vos comptes faits vous verrez alors à combien de mois de salaire cela équivaut, et vous aurez des éléments factuels pour argumenter ce qu'entraîne en termes de pertes à compenser la rupture de votre contrat

    à noter, dans la détermination du différé d'indemnisation, il y aura ce que l'on appelle le différé spécifique sur la base de la part supra légale de l'indemnité de rupture, il y aura aussi ce que l'on appelle le différé congés payés si vous avez eu une indemnité compensatrice, mais pas de différé lié à une indemnité de préavis... car lorsque l'on négocie une rupture conventionnelle on fixe d'un commun accord une date de fin de contrat, ce n'est pas comme lorsqu'il y a un préavis de démission ou de licenciement

    à noter aussi, quand vous en arrivez à signer un accord (la convention de rupture) fixant tout particulièrement le montant indemnitaire négocié et la date de fin de contrat, ainsi éventuellement ce que l'on aura convenu à propos de telle ou telle clause du contrat... les quinze jours suivants constituent le délai légal de rétractation, chaque partie peut alors encore dénoncer l'accord et renoncer à la rupture...

    .../... à suivre

    cordialement
    zen maritime


     
    Membre

    Le 08-03-2024 à 09:04

    Bonjour @Zen maritime, et merci d'avoir pris le temps de me lire.

    Pour vous répondre :

    J'ai bien pensé à la possibilité d'indiquer à mon employeur que, vis à vis de mon état de santé, je préfèrerai faire cet entretien à mon retour, de vive-voix, plutôt qu'en visio. L'interrogation que j'avais était de savoir si je n'allais pas laisser passer une opportunité. Je me dis que la situation actuelle, avec un courrier aussi vite envoyé par mon employeur pour me proposer d'échanger sur une possible rupture conventionnelle, je suis plutôt en position de force dans la négociation. 

    Etant donné qu'ensuite il n'y a aucun délais et aucune limite au nombre d'entretiens (comme vous l'avez rappelé), je me dis qu'accepter ce premier rendez-vous n'affaibli pas ma position. Je précise que mon but, lors de cet éventuel premier rendez-vous, serai d'écouter ce que mon employeur à me dire, ni plus, ni moins. Je n'avancerai aucun chiffre, aucune condition, et la conclusion serait, comme vous l'avez indiqué "je vais y réfléchir".

    Concernant les calculs :

    - différé ARE congés payés = 30 jours
    - différé max ARE indemnité supralégale = 143 jours (salaire brut de 4300?, indemnité minimale = 1 mois, si j'ai 4 mois d'indemnité supra légale ça me donne (4x4300 - 1x4300) / 90 = 143
    - délais prise en compte France Travail = 7 jours
    - 18 mois de chômage = 18 x 1900 (4300 - 2400 d'ARE) = 34k?
    - 18 mois sans avantage en nature = 6k?
    - impôts payés en plus suite à l'indemnité (eventuelle) compencatrice de préavis et de congés payés : 6500?

    Total = plus de 17 mois de salaire.

    Cela me parait improbable, c'est pour cela que je voulais baser mon calcul plutôt sur l'indemnité maximale que l'entreprise devrait me verser en cas de licenciement abusif.

    Dans l'attente de vous lire.

    Marco.

    PS : ah oui et j'ai eu mon petit garçon, le premier, il y a 2 mois, pour ne rien arranger.

    Moderateur

    Le 08-03-2024 à 09:35

    Oui je suis bien conscient qu'il serait inconcevable de prétendre à 17 mois de salaire en termes d'indemnité, l'idée c'est de mettre en avant, calcul à l'appui, comment une rupture voulue par l'employeur pourrait impliquer la perte pour vous de l'équivalent de jusqu'à 17 mois de salaire, cela pour faire valoir que la moitié, disons 8 mois, ne serait pas déraisonnable, car n'oubliez pas que c'est une négociation si vous voulez au final transiger sur la base de 6 ou 7 mois.

    Tandis que de partir sur la base d'entrée de jeu judiciaire où vous évoqueriez un licenciement jugé abusif, c'est placer l'échange dans la perspective d'une saisine des prud'hommes, est-ce que c'est la façon la plus adroite d'initier une négociation ? Une rupture conventionnelle se conçoit en principe sans qu'aucune partie n'exerce de pression.

    Vous demandiez par ailleurs "comment aborder lors des négociations le dossier médical faisant état du burn out + des agissements "limites" qui pourraient éventuellement requalifiés comme harcèlement moral"... je ne suis pas convaincu que ce soit non plus à aborder comme une menace que vous feriez planer.

    En revanche, rien ne vous empêche de vous prémunir en documentant votre dossier, juste un exemple, vous écrivez au service de santé au travail pendant votre arrêt, vous sollicitez le médecin du travail pour une visite de pré-reprise, vous saissisez l'occasion pour lui exprimer des doutes, dans votre état de santé et votre arrêt pour burn-out, quant aux intentions poursuivies par l'employeur qui vous a écrit en vue d'une rupture de contrat, vous dites que vous le vivez très mal, à ne plus pouvoir en dormir...

    A vous de voir où vous voulez placer le curseur, entre saisir l'opportunité de la rupture conventionnelle proposée par l'employeur, ou préparer le dossier qui vous permettrait possiblement par la suite de dénoncer cette rupture au motif d'un vice de consentement (état de faiblesse / arrêt maladie, contexte de burn out et de mise sous pression par l'employeur)

    cordialement
    zen maritime

     

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