Quels sont les métiers considérés comme pénibles ou exposés à des facteurs de risques professionnels ?
Pas de liste des métiers pénibles mais une liste des facteurs de risques professionnels
Il n'existe pas de liste définie de métiers dits "pénibles".
En revanche, le Code du travail prévoit une liste de facteurs de risques professionnels qui peuvent avoir un impact durable et irréversible sur la santé des salariés et auxquels sont travailleurs susceptibles d'y être exposés.
➡ À lire sur le thème : Lutter contre les risques professionnels : le contrat de prévention
⚠ 87 % des maladies professionnelles reconnues chaque année sont des troubles musculo-squelettiques (TMS).
Dès lors, tous les métiers peuvent être considérés comme pénibles à partir du moment où ils exposent les salariés à un ou plusieurs de ces facteurs de risques.
Ces facteurs de risques professionnels sont les suivants (2) :
Au titre des contraintes physiques marquées : |
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Au titre de l'environnement physique agressif : |
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Au titre de certains rythmes de travail : |
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⚠ Les seuils associés aux facteurs de risques professionnels sont fixés par la loi.
Le rôle des branches professionnelles pour établir une cartographie des métiers les plus exposés et lutter contre l'usure professionnelle
Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023, les branches professionnelles peuvent engager des négociations en vue d'établir des listes de métiers ou d'activités particulièrement exposés aux facteurs de risques professionnels liés au contraintes physiques marquées (3) :
- manutentions manuelles de charges ;
- postures pénibles définies comme positions forcées des articulations ;
- vibrations mécaniques ;
Les branches professionnelles semble avoir avantage à engager des négociations en vue de définir des listes de métiers ou activités particulièrement exposés aux facteurs ergonomiques dans la mesure où la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles (CAT-MP) s'appuiera sur ces listes pour établir la cartographie des métiers et des activités particulièrement exposés et déterminer les orientations du fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle (FIPU), nouvellement créé par la loi précitée.
➡ À lire aussi : Négociation annuelle obligatoire ( NAO) : sur quels thèmes devez-vous négocier et à quelle périodicité ?
Obligation pour l'employeur de prévenir les risques professionnels en entreprise : quels outils ?
L'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la santé au travail (physique et mentale) des travailleurs en mettant en place des actions de prévention des risques professionnels (4).
Pour ce faire, il dispose de différents leviers et moyens d'action ; en voici quelques-uns.
Le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP)
Avant toute chose, l'employeur doit procéder à une évaluation des risques professionnels auxquels sont susceptibles d'être exposés ses salariés et consigner le résultat de cette évaluation dans le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP).
D'ailleurs, dans le cadre de cette démarche, les employeurs doivent, quels que soient l'effectif et l'activité de l'entreprise, désigner un ou plusieurs salariés compétents pour s'occuper des activités de protection et de prévention des risques professionnels de l'entreprise. Il s'agit du référent santé sécurité au travail (5).
Le document unique est obligatoire sans condition d'effectif.
Dans le cadre de la consultation sur la politique sociale, l'employeur de plus de 50 salariés doit présenter un Papripact (Programme Annuel de Prévention des Risques Professionnels et d'Amélioration des Conditions de Travail) au Comité social et économique (CSE d'entreprise).
➡ À lire sur ce point : DUERP & Papripact : quelles sont les obligations de l'employeur ?
Les accords en faveur de la prévention des effets de l'exposition à certains facteurs de risques professionnels
Dans les entreprises d'au moins 50 salariés - y compris les entreprises appartenant à un groupe dont l'effectif comprend au moins 50 salariés -, les employeurs doivent engager une négociation d'un accord en faveur de la prévention des effets de l'exposition aux facteurs de risques professionnels (6) :
- soit lorsqu'ils emploient une proportion minimale de salariés déclarés exposés au titre du compte professionnel de prévention (C2P) ;
- soit lorsque leur indice de sinistralité au titre des accidents du travail et des maladies professionnelles (ATMP) est supérieur à un seuil prévu par décret.
Les entreprises dont l'effectif est compris entre 50 et 300 salariés ou appartenant à un groupe dont l'effectif est inférieur à 300 salariés, les employeurs n'ont pas l'obligation de conclure ce type d'accord ou un plan d'action, si elles sont déjà couvertes par un accord collectif de branche étendu portant sur les risques professionnels.
Bon à savoir : si l'employeur ne négocie pas d'accord ou de plan d'action, il s'expose à une sanction. La pénalité fixée par la DDETS (Direction départementale de l'Économie, de l'Emploi, du Travail et des Solidarités) peut atteindre 1 % de la masse salariale versée au cours des périodes au titre desquelles l'entreprise n'est pas couverte par un tel accord ou plan d'action.
➡ À lire aussi : Risques psychosociaux en entreprise : pourquoi et comment les prévenir ?
La liste de traçabilité de l'exposition des travailleurs aux agents chimiques cancérogènes, mutagènes, ou toxiques pour la reproduction
La liste de traçabilité de l'exposition des travailleurs est une nouvelle obligation à la charge des employeurs, devant être accomplie à partir du 5 juillet 2024 (7).
⏰ À compter de cette date, l'employeur doit établir, en tenant compte du DUERP, une liste actualisée des travailleurs susceptibles d'être exposés aux agents chimiques cancérogènes, mutagènes, ou toxiques pour la reproduction (8).
Cette liste doit indiquer, pour chaque travailleur :
- les substances auxquelles le travailleur est susceptible d'être exposé ;
- ainsi que, lorsqu'elles sont connues, les informations sur la nature, la durée et le degré de son exposition.
Les informations qui le concernent personnellement doivent être tenues à la disposition du travailleur.
Tous les travailleurs et le CSE peuvent également consulter les informations de cette liste, mais ces informations doivent alors être présentées de manière anonyme (9).
De plus, cette liste, et ses futures actualisations, doit être communiquée aux services de prévention et de santé au travail (SPST), ensuite versée dans le dossier médical en santé au travail (10).
La liste est conservée par les SPST pendant au moins 40 ans.
Cette obligation concerne également les travailleurs en contrat temporaire. Dans ce cas, l'entreprise utilisatrice communique à l'entreprise de travail temporaire (ETT), les informations de la liste précitée (et ses éventuelles actualisations) concernant le travailleur concerné. Puis c'est à l'entreprise de travail temporaire que revient la charge de communiquer la liste à son SPST (11).
Le tableau répertoriant les valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP) contraignantes publié le 4 avril 2024 a fait l'objet d'une rectification (12) : chaque employeur concerné doit donc s'appuyer sur cette nouvelle base afin d'assurer une traçabilité des travailleurs exposés ou susceptibes d'être exposés aux agents pathogènes.
Rayonnements ionisants : attention !
Une étude INWORKS publiée récemment confirme que le risque de leucémie augmente proportionnellement à la dose de rayonnements ionisants reçue (13).
Les données ayant alimenté l'étude - coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) - confirment l'existence d'une relation entre le risque de leucémie et l'exposition cumulée à de faibles doses de rayonnements ionisants.
Les résultats mettent en lumière le risque de leucémie, de lymphome et de myélome multiple chez les travailleurs et rappellent l’intérêt de la mise en place d’une protection radiologique des travailleurs exposés - même à de faibles doses - tels que les travailleurs du nucléaire, les personnels du secteur médical et vétérinaire, presque tous les secteurs industriels ou encore certains laboratoires de recherche et d’analyse.
Le compte professionnel de prévention (C2P)
Lorsque qu'un salarié est exposé à certains facteurs de risques professionnels au-delà des seuils réglementaires, l'employeur doit déclarer ces facteurs chaque année, lorsqu'il effectue la déclaration sociale nominative (DSN) (14).
Suite à cette déclaration, le C2P du salarié est automatiquement créé sous réserve qu'il réponde également aux 2 conditions suivantes :
- être affilié au régime général de la sécurité sociale ou à la mutualité sociale agricole ;
- que la durée de son contrat de travail soit supérieure ou égale à 1 mois : un C2P peut être ouvert peu importe la nature du contrat de travail (CDI, intérim, apprentissage, CDD, etc.).
En quoi consiste le Compte professionnel prévention (C2P) ? Comment utiliser les points de pénibilité pour la retraite, pour la formation ?
Le compte professionnel de prévention (C2P ou CPP) permet aux salariés exposés à un ou plusieurs facteurs de pénibilité au-delà des seuils réglementaires, d'acquérir un certain nombre de points leur permettant de financer (15) :
- une prise en charge totale ou partielle des frais de formation destinée à permettre l'accès à des postes qui ne sont pas ou moins exposés à la pénibilité ;
- un passage à temps partiel sans perte de rémunération ;
- la majoration de durée d'assurance vieillesse et un départ à la retraite avant l'âge légal de départ à la retraite ;
- les frais afférents à une ou plusieurs actions concourant au développement des compétences dans le cadre d'un projet de reconversion professionnelle (bilan de compétences, validation des acquis de l'expérience, etc.) et, le cas échéant, le financement de sa rémunération pendant un congé de reconversion professionnelle, lorsqu'il suit cette action de formation en tout ou partie durant son temps de travail, en vue d'accéder à un emploi non exposé aux facteurs de risques professionnels.
Quels sont les 6 critères de pénibilité au travail qui permettent d'acquérir des droits au titre du C2P en 2024 (travail de nuit, bruit...) ?
Parmi les facteurs de risques professionnels reconnus, seulement 6 facteurs permettent aux salariés d'acquérir des droits au titre du C2P (16) :
- les activités exercées en milieu hyperbare ;
- les températures extrêmes ;
- le bruit ;
- le travail de nuit ;
- le travail en équipes successives alternantes ;
- le travail répétitif par la réalisation de travaux impliquant l'exécution de mouvements répétés, sollicitant tout ou partie du membre supérieur à une fréquence élevée et sous cadence contrainte.
Ils sont définis selon un critère d'intensité et un critère de durée.
Ainsi, l'exposition à au moins l'un de ses risques professionnels au-delà des seuils réglementaires et pendant une durée minimale ouvre des droits au titre du C2P.
Depuis le 1er septembre 2023, la durée minimale d'exposition exigée pour acquérir des points au titre des 2 facteurs de risques professionnels suivants est abaissée (17) :
- abaissement du seuil d'exposition au travail de nuit : ce seuil passe de 120 à 100 nuits par an ;
- abaissement du seuil d'exposition au travail en équipes successives alternantes : ce seuil passe de 50 à 30 nuits par an.
Comment le C2P est-il alimenté ? Comment les points sont-ils cumulés ? Combien de points pénibilité pour un trimestre ?
⏰ Depuis le 1er septembre 2023, les règles d'acquisition des points de pénibilité sur le C2P ont évolué (18).
Les salariés se voient attribuer (19) :
- 4 points par an pour chaque facteur de risque auquel ils seront exposés : le nombre de points n'est donc plus plafonné à 8 points comme c'était le cas auparavant lorsque le salarié était exposé à plusieurs facteurs de risques ;
- 1 point par trimestre d'exposition pour chaque facteur de risque auquel ils seront exposés lorsque le contrat prend fin en cours d'année civile : le nombre de points n'est donc plus plafonné à 2 points lorsque le salarié était exposé à plusieurs facteurs de risques.
Si le salarié est né avant 1956, le nombre de points cumulés sur son C2P est multiplié par 2.
Par ailleurs, le plafond limitant à 100 points le nombre maximal de points pouvant être cumulés sur le C2P est supprimé. Jusqu'à présent, le nombre total de points pouvant être inscrits sur le compte au cours de la carrière professionnelle ne pouvait excéder 100 points.
Bon à savoir : depuis le 1er septembre 2023, les salariés peuvent acquérir des droits sans limite.
(1) Assurance Maladie - Risques professionnels. L'Essentiel 2021 - Santé et sécurité au travail. Novembre 2022
(2) Articles L4161-1 et D4161-1 du Code du travail
(3) Loi n°2023-270 du 14 avril 2023 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023 et Article L4163-2-1 du Code du travail
(4) Article L4121-1 du Code du travail
(5) Article L4644-1 du Code du travail
(6) Article L4162-1 du Code du travail
(7) Décret n°2024-307 du 4 avril 2024 fixant des valeurs limites d'exposition professionnelle contraignantes pour certains agents chimiques et complétant la traçabilité de l'exposition des travailleurs aux agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction
(8) Article R4412-93-1 du Code du travail
(9) Article R4412-93-2 du Code du travail
(10) Article R4412-93-3 du Code du travail
(11) Article R4412-93-4 du Code du travail
(12) Article 3 rectifié du décret n°2024-307 du 4 avril 2024 fixant des valeurs limites d'exposition professionnelle contraignantes pour certains agents chimiques et complétant la traçabilité de l'exposition des travailleurs aux agents chimiques cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction
(13) Communiqué de presse de l'IRSN, 2 sept. 2024 et IRSN, Note d'information - Publication de nouveaux résultats de l'étude épidémiologique INWORKS sur le risque de leucémie, lymphome et myélome multiple chez les travailleurs de l'industrie nucléaire, 30 août 2024
(14) Article L4163-1 du Code du travail
(15) Article L4163-7 du Code du travail
(16) Article L4163-2 du Code du travail
(17) Décret n°2023-760 du 10 août 2023 portant application de l'article 17 de la loi n°2023-270 du 14 avril 2023 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023
(18) Décret n°2023-759 du 10 août 2023 relatif au fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle et au compte professionnel de prévention
(19) Article R4163-9 du Code du travail
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