1. Qu'est-ce qu'une clause de non-concurrence ? Définition
La clause de non-concurrence est une clause introduite dans un contrat de travail, soit directement au contrat initial (CDI, CDD, etc.), soit postérieurement à l'embauche via un avenant.
Elle vise à restreindre, après la rupture du contrat, la liberté du salarié d'exercer certaines activités concurrentes à celle de son ancien employeur.
Concrètement, le salarié qui signe une clause de non-concurrence s'engage à ne pas exercer une activité concurrente (pour son propre compte ou pour le compte d'un autre employeur), après la rupture de son contrat :
- dans une zone géographique définie (dans la région, par exemple) ;
- pendant un temps donné (pendant 6, mois par exemple).
2. Quand est-ce que s'applique la clause de non-concurrence insérée dans un contrat de travail ?
La clause de non-concurrence a vocation à s'appliquer après la rupture du contrat de travail.
De fait, le salarié s'engage à ne pas exercer une activité concurrente à celle de son ex-employeur après que son contrat a été rompu.
💡 Exemple : Hugo est commercial en téléphonie mobile dans l'entreprise A. Il a signé une clause de non-concurrence (pour son activité de commercial en téléphonie mobile, pour 6 mois, limitée au département du Puy-de-Dôme). À la fin de son contrat avec l'entreprise A, il ne peut donc pas exercer l'activité de commercial en téléphonie mobile dans l'entreprise concurrente B sur le département du Puy-de-Dôme.
3. La contrepartie financière liée à une clause de non-concurrence a-t-elle toujours vocation à être versée, quelle que soit la cause de la rupture du contrat de travail (rupture conventionnelle, démission, licenciement) ?
Oui.
Selon la Cour de cassation, la contrepartie financière à la clause de non-concurrence doit être versée dès lors que le salarié respecte ses engagements, que la rupture de contrat résulte d'une initiative de l'employeur ou du salarié, et quelle qu'en soit la cause (même en cas de faute grave du salarié (1)).
4. Quelles sont les conditions de validité de la clause de non-concurrence (durée, lieu, formalisme), selon le juge ?
Pour être valable et applicable, la clause de non-concurrence doit respecter 6 critères dégagés par la jurisprudence (2), à savoir :
- être écrite dans le contrat de travail signé par le salarié (ou dans un avenant signé par le salarié) ;
- être indispensable à la protection des intérêts légitimes de l'entreprise. En effet, la clause de non-concurrence porte atteinte à la liberté de travail (la liberté d'exercer une activité professionnelle). Par conséquent, l'atteinte qui lui est faite doit donc être justifiée ;
- être limitée dans le temps, sa durée ne devant pas être excessive ;
- être limitée dans l'espace, la zone géographique sur laquelle elle s'applique devant être définie précisément et ne devant pas être trop large ;
- tenir compte des spécificités de l'emploi du salarié ;
- comporter l'obligation, pour l'employeur, de verser au salarié une contrepartie financière.
Ces conditions sont cumulatives. À défaut, la clause est nulle et ne produit pas d'effet.
À noter : seul le salarié peut se prévaloir de la nullité de la clause de non-concurrence ne comportant pas de contrepartie financière (3).
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5. Quelle est la différence entre une clause de non-concurrence et une clause d'exclusivité ?
La clause de non-concurrence et la clause d'exclusivité consistent toutes les deux à imposer au salarié de ne pas exercer une activité concurrente à son employeur (ou ex-employeur), mais, différence notable :
- la clause de non-concurrence a vocation à s'appliquer après la rupture du contrat ;
- la clause d'exclusivité a vocation à s'appliquer pendant l'exécution du contrat de travail.
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6. À quel montant doit s'élever la contrepartie financière de la clause de non-concurrence ?
Si la clause de non-concurrence ne comporte pas de contrepartie financière ou si celle-ci est dérisoire (5), la clause est considérée comme nulle. Le salarié est alors libéré de son obligation.
La clause de non-concurrence doit prévoir le versement d'une contrepartie financière suffisamment importante au profit du salarié pour toute la durée d'application de la clause.
Le montant de la contrepartie financière peut être fixé forfaitairement ou par rapport à un pourcentage du salaire du salarié (le plus fréquent).
Le montant doit tenir compte des contraintes imposées au salarié : plus le champ géographique et la durée d'application sont grands, plus la contrepartie doit être importante.
🔍 Le montant minimum de la contrepartie est parfois prévu dans la convention collective applicable à l'entreprise. Il convient alors de le respecter.
Si rien n'est prévu, le montant sera déterminé d'un commun accord entre le salarié et l'employeur à la signature de la clause.
NB : la contrepartie doit être versée après la rupture du contrat, soit en une seule fois, soit par fraction (chaque mois par exemple).
7. La clause de non-concurrence est-elle obligatoire ?
Non : la clause de non-concurrence n'est pas obligatoirement insérée au contrat de travail du salarié. Tout dépend de la volonté de l'employeur, et de l'éventuelle négociation menée avec le salarié sur la question.
8. L'employeur peut-il renoncer à la clause de non-concurrence ? Quand doit-il/peut-il lever celle-ci ?
Oui, l'employeur a la possibilité de renoncer à l'application de la clause de non-concurrence si la possibilité et les conditions de cette renonciation sont expressément prévues dans le contrat de travail (ou la convention collective applicable).
Cela peut être une bonne décision si l'employeur estime par exemple, en définitive, que le salarié ne sera pas en mesure de concurrencer son activité.
Attention : récemment, la Cour de cassation a rappelé que pour que la renonciation de l'employeur à la clause de non-concurrence soit valable, il est nécessaire que le formalisme imposé par le contrat de travail à ce sujet soit respecté (6). Pour en savoir plus, consultez notre dossier dédié !
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9. Quelles sont les limites de la clause de non-concurrence ? Le cas de la clause abusive
Il est possible que la clause de non-concurrence fixée entre les parties ne soit pas valide : contrepartie financière dérisoire ou inexistante, durée d'application ou secteur géographique non définis ou excessifs, non-respect de l'écrit, etc.
L'employeur doit donc être vigilant lorsqu'il souhaite instaurer une telle clause, car le salarié qui estime que celle-ci ne respecte pas les conditions de validité applicables peut se prévaloir de sa nullité en saisissant le conseil de prud'hommes.
💡 Si le salarié a respecté une clause de non-concurrence illicite car ne prévoyant aucune contrepartie financière et qu'il souhaite, à ce titre, obtenir des dommages et intérêts, il doit prouver l'existence d'un préjudice (7).
🔍 Jurisprudence :
Dans un arrêt, la Cour de cassation a considéré que "la clause incluse dans le contrat de travail aux termes de laquelle l’employeur se [réservait] seul la faculté, après la rupture du contrat de travail qui fixe le droit des parties, de renouveler la durée de l’interdiction de concurrence pour une durée égale à la durée initiale [était] nulle" (8).
10. Comment faire lorsque le salarié ne respecte pas la clause de non-concurrence ? Sanctions, indemnité et réparation du préjudice de l'employeur
Si le salarié ne respecte pas sa clause de non-concurrence qui est pourtant valide, c'est-à-dire qu'il exerce une activité concurrente dans le secteur défini et pendant l'application de la clause, il s'expose à des sanctions :
- il peut avoir à rembourser l'indemnité de non-concurrence versée par son employeur (9) ;
- il peut devoir l'indemniser du préjudice subi (lui verser des dommages-intérêts) (10).
L'employeur peut également de demander la cessation de l'activité du salarié chez son nouvel employeur (11).
11. Clause de non-concurrence en cas de licenciement : quelles spécificités ?
La clause de non-concurrence a-t-elle vocation à s'appliquer en cas de licenciement du salarié ? La réponse est oui !
Le fait que le contrat de travail prenne fin en raison du licenciement du salarié n'a en soi aucune incidence sur l'application de la clause de non-concurrence.
À ce sujet, la jurisprudence a déjà eu l'occasion de préciser que ni le contrat de travail (1), ni la convention collective (12) ne peut interdire le versement de la contrepartie financière au salarié dans l'hypothèse où celui-ci est licencié en cas de faute grave.
💡 En outre, le montant de la contrepartie ne doit pas dépendre des circonstances de la rupture : par exemple, les dispositions d'une clause de non-concurrence prévoyant la minoration de la contrepartie financière en cas de licenciement pour faute sont réputées non-écrites (13).
(2) Cass. Soc. 10 juillet 2002, n°00-45135
(3) Cass. Soc. 25 janvier 2006, n°04-43646
(4) Cass. Soc. 26 janvier 2022, n°20-15755
(5) Cass. Soc. 15 novembre 2006, n°04-46721
(6) Cass. Soc. 3 juillet 2024, n°22-17-452
(7) Cass. Soc. 25 mai 2016, n°14-20578
(8) Cass. Soc. 13 sept. 2023, n°21-12006
(9) Cass. Soc. 9 avril 2008, n°06-46523
(10) Cass. Soc. 17 janvier 1979, n°77-41059
(11) Cass. Soc, 28 mars 2012, n°10-22847
(12) Cass. Soc. 4 juin 2008, n°04-40609
(13) Cass. Soc. 8 avril 2010, n°08-43056
(14) Cass. Soc. 22 juin 2011, n°09-68762
J'aurais aimé avoir toutes les dernières mises 3j jours à part pour bien voir les avancées....