Est-ce que je peux travailler pendant mon arrêt maladie ? Peut-on travailler en étant en maladie professionnelle ou non professionnelle ?
Si vous vous trouvez en arrêt maladie, il semble logique que vous ne puissiez pas travailler. En effet, le professionnel de santé vous délivre un certificat médical/arrêt de travail qui signifie que vous êtes certainement inapte à votre poste de travail.
De plus, lors d'un arrêt de travail, vous percevez des indemnités journalières que vous devrez restituer si vous reprenez le travail pendant cette période.
Vous ne pouvez donc pas cumuler arrêt de travail/arrêt maladie et un autre emploi, que ce soit pour maladie ou accident d'origine professionnelle ou non professionnelle.
Pour quelles raisons un salarié atteint d'une maladie chronique continue à travailler ?
Les salariés atteints d'une maladie chronique évolutive (insuffisance rénale, cancer, diabète, mucoviscidose, sida, hépatite C...), peuvent parfois être contraints de se retirer de la vie professionnelle temporairement, pour lutter contre leur maladie et suivre des traitements médicaux souvent très lourds (chimiothérapie, radiothérapie...).
En revanche, pour ceux dont l'état de santé permet encore de travailler, le choix de poursuivre une activité ou non leur appartient. Chaque personne réagit différemment face à la maladie.
Certains malades préfèrent s'éloigner temporairement de la vie professionnelle pour affronter leur maladie, notamment pour éviter les regards et les jugements.
D'autres poursuivent leur activité professionnelle pour des raisons qui leur sont propres :
- pour se concentrer sur autre chose que sur la maladie et continuer à se sentir utile ;
- pour garder le contact avec les collègues et le monde de l'entreprise, pour conserver un lien social ;
- par peur de perdre leur emploi ;
- pour limiter l'impact financier qu'engendre la perte de salaire liée aux absences pour maladie.
Doit-on informer son employeur de sa maladie ? Quelles sont les obligations du salarié absent pour maladie ?
Vous n'avez aucune obligation de parler de votre maladie à votre employeur. Cependant, vous devez transmettre à votre employeur un certificat médical pour justifier votre absence afin que celle-ci ne soit pas considérée comme un abandon de poste. Dans le cas où vous ne préviendriez pas votre employeur, ce dernier pourrait vous sanctionner. La sanction pourrait aller jusqu'à un licenciement.
Néanmoins, votre quotidien dans l'entreprise peut être facilité, si vous décidez d'annoncer votre maladie à votre employeur. Ceci se confirme particulièrement, lorsque votre état de santé nécessite un aménagement de vos conditions de travail.
Bien que la médecine progresse, que les maladies soient diagnostiquées de plus en plus tôt et que les traitements soient de moins en moins invasifs, il peut être important d'informer votre employeur de votre état de santé.
En effet, de nombreuses questions pratiques se posent :
- comment justifier auprès de son employeur, qu'à certains moments de la journée, on puisse être fatigué et avoir besoin de se reposer ?
- comment se rendre régulièrement à des consultations médicales programmées pendant son temps de travail afin d'y recevoir un traitement (séance de radiothérapie, chimiothérapie, dialyse...) sans que votre absence interpelle votre employeur ?
Quoi qu'il en soit, que vous fassiez le choix d'en parler ou non, sachez que vous ne pouvez être écarté d'une procédure de recrutement, de l'accès à un stage, à une formation en entreprise, ni même être sanctionné, licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire, directe ou indirecte, du fait de votre état de santé (1).
Constitue en effet une discrimination directe, la situation dans laquelle, sur le fondement de son état de santé (ou de sa perte d'autonomie, de son handicap), une personne est traitée de manière moins favorable qu'une autre ne l'est, ne l'a été ou ne l'aurait été dans une situation comparable (2).
Quelles solutions pour se maintenir dans l'emploi, lorsqu'on est atteint d'une maladie chronique ?
Comment concilier maladie chronique et travail ? Pour continuer à travailler tout en faisant face à la maladie, des solutions existent. En voici certaines !
1. Demander une visite de pré-reprise auprès de la médecine du travail avant le retour au travail
Que ce soit par choix ou par obligation, de nombreux salariés reprennent une activité professionnelle après avoir été en arrêt maladie pendant une longue période, et ce, alors même qu'ils ne sont pas encore guéris.
Une visite de pré-reprise peut être organisée par le médecin du travail, dans le but de favoriser le maintien dans l'emploi des salariés ayant été en arrêt de travail pour maladie, pendant au moins de 30 jours. Cette visite de pré-reprise peut être organisée à l'initiative du médecin traitant, du médecin conseil des organismes de sécurité sociale ou du travailleur lui-même (3).
Au cours de l'examen de pré-reprise, le médecin du travail peut recommander (4) :
- des aménagements et adaptations du poste de travail. Ces aménagements et adaptations peuvent se traduire par :
- des aménagements en lien avec l'ergonomie du poste de travail (fauteuil de bureau adapté, souris ergonomique...) ;
- l'adaptation des missions confiées, afin que celles-ci puissent correspondre à vos nouvelles capacités ;
- l'aménagement des horaires de travail, pour vous permettre de vous rendre aux examens médicaux liés à votre maladie et limiter la fatigue liée à certains rythmes de travail (horaires décalés, travail de nuit...) ;
- la mise en place du télétravail : il peut vous permettre d'éviter les déplacements fatigants (voiture, transports en commun...) ; éviter un environnement de travail néfaste (froid, bruit, agitation...). Il facilite également le suivi d'un traitement et la prise de médicament à des heures régulières et constantes.
- des préconisations de reclassement ;
- des formations professionnelles, en vue de faciliter votre reclassement ou votre réorientation professionnelle.
Le médecin du travail informe l'employeur et le médecin conseil de ses recommandations (sauf si vous vous y opposez), pour que les mesures soient mises en œuvre en vue de favoriser votre maintien dans l'emploi.
2. Demander un mi-temps thérapeutique
Le temps partiel thérapeutique dit aussi "mi-temps thérapeutique" consiste en un aménagement temporaire de la durée du travail.
Il vous permet, sous certaines conditions, de bénéficier d'une reprise progressive d'activité (5).
En effet, si votre médecin estime que votre état de santé ne vous permet pas de reprendre une activité professionnelle à temps plein, mais que la reprise du travail peut contribuer à l'amélioration de votre état de santé, il peut vous prescrire une reprise du travail à temps partiel, pour motif thérapeutique.
De même, un mi-temps thérapeutique peut être envisagé si vous devez faire l'objet d'une rééducation ou d'une réadaptation professionnelle pour reprendre un emploi compatible avec votre état de santé.
3. Demander la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé
Lorsqu'une maladie chronique devient un obstacle pour obtenir ou conserver un emploi, il est tout à fait possible de demander la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).
Le statut de travailleur handicapé vous permet de bénéficier de dispositifs pour retrouver un emploi ou converser celui-ci, tels que :
- un accompagnement spécifique à la recherche d'un emploi, des formations professionnelles, mais également des contrats ou des stages de rééducation professionnelle destinés à favoriser l'insertion professionnelle ;
- un aménagement du poste de travail et des horaires ;
- l'accès à certains postes de la fonction publique, par le biais d'un concours aménagé ou d'un recrutement contractuel spécifique.
La RQTH est attribuée pour une durée de 1 à 10 ans renouvelable. Elle peut également être attribuée à vie, si vous présentez une altération définitive d'au moins une fonction physique, sensorielle, mentale ou psychique et que celle-ci réduit vos possibilités d'obtenir un emploi ou de le conserver.
Pour faire une demande de RQTH, vous devez vous adresser à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
Références :
(1) Article L1132-1 du Code du travail
(2) Loi n°2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations
(3) Article R4624-29 du Code du travail
(4) Article R4624-30 du Code du travail
(5) Article L323-3 du Code de la sécurité sociale
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